L’ANESM nous offre du grain à moudre pour cette
rentrée. Ne faisons pas la fine bouche. Le grain ne manque pas d’intérêt. On
pouvait tout craindre du passage du CNESMS à l’ANESM au regard des motifs
énoncés. Or l’Agence n’a pas désavoué les travaux du Conseil, au contraire, non
seulement dans ses premières déclarations d’intention mais aussi dans ses
productions récentes.
Certes, dans la note de mai 2008 sur la « Mise
en oeuvre de l’évaluation interne dans les établissements et services visés à
l’article L.312-1 du code de l’action sociale et des familles » on
relèvera une contradiction entre :
- d’une part la référence
au décret d’évaluation externe en ce qu’il suppose de mettre en œuvre un
référentiel couvrant tous les aspects du fonctionnement de l’établissement
ou du service, catalogue à prétention exhaustive, souffrant de gigantisme
et de redondance alors que le temps susceptible d’être consacré à
l’évaluation est forcément limité,
- d’autre part la
judicieuse recommandation : « dans un premier temps, de ne pas rechercher l’exhaustivité, mais de porter l’analyse
sur les écarts les plus importants, les tensions les plus fortes, les
dysfonctionnements les plus manifestes : c’est à partir des aspects les
plus problématiques que peut s’instaurer une véritable dynamique de
progrès. […] Dans un premier cycle d’évaluation, il est recommandé
d’aborder un nombre restreint de processus clés, correspondant aux
priorités que s’est fixées l’établissement ou le service, par exemple :
les modalités d’élaboration et de réajustement du projet individualisé, la
personnalisation de l’accompagnement. »
Systématisme
du questionnement ou priorité accordée à certains aspects, les deux approches
sont-elles valides au regard de l’évaluation externe?
On
s’interrogera par ailleurs sur cette sibylline recommandation : « de
mener l’évaluation non pas tant sur ces différents domaines examinés séparément
(les quatre champs proposés par le CNESMS), mais sur les articulations entre
ces différents domaines. » Cela ouvre-t-il à une liberté de recomposer
l’approche de façon contextualisée à l’établissement ou au service ? Mais
alors comment articuler évaluation interne et évaluation externe ?
Mais ces incertitudes ne l’emportent
pas sur l’ouverture qui nous semble caractériser ces premiers textes de l’ANESM.
Elle témoigne, nous l’espérons, d’une heureuse « dynamique du
provisoire ». La méthode se cherche. Elle n’est pas un mode d’emploi
à prétention définitive et impérative, de l’ordre d’une technologie tellement
envahissante qu’elle en étouffe l’initiative et la préoccupation du sens.
Cohérentes avec la note de mai 2008
précitée, les recommandations concernant la bientraitance (« La
bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre », juin 2008)
sont ouvertes, beaucoup plus discursives que normatives, fort proches de
l’actuelle culture professionnelle au sein du secteur médico-social. Ni
injonctives, ni déréalisées, on leur reprochera éventuellement un idéalisme
décalé des moyens alloués par la puissance publique (notamment dans les recommandations
sur les temps de réflexion et l’investissement dans l’évaluation et la
recherche. Mais c’est justement l’occasion de saisir cette ambition comme une
référence pour demander les moyens correspondants.
PLURIEL formation-recherche a
effectué une première lecture des deux documents précités afin de les exploiter
dans le cadre de ses interventions auprès des équipes de professionnels,
surlignant plus particulièrement certains passages et apportant quelques
commentaires. Nous mettons à disposition ce point de vue parmi d’autres.
Télécharger : ANESM: "Mise en oeuvre de l'évaluation", "Bientraitance"
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