Ecrit le 21 septembre 2015 |
Transgression,
autorité, sanction, ces mots sonnent a priori négativement. Ils balisent
pourtant la conduite éducative, qui suppose que l’enfant, l’adolescent, sont
des êtres en développement et en apprentissage, susceptible donc d’expérimenter
le lien social, de se voir imposer des décisions les concernant, voire le
désagrément que suppose une mesure coercitive à leur encontre pour contenir ou
décourager leur comportement. Ils rappellent que l’éducation comporte une
dimension conflictuelle.
Pour grandir l’enfant doit se dresser contre un mur. L’expression est parlante car elle évoque
à la fois le fait de se heurter à un obstacle qui empêche, limite, contient
mais aussi de se mettre debout en s’appuyant sur l’obstacle, de déployer son
corps pour libérer ses bras de la fonction de mobilité en lui ouvrant la fonction
de manipulation des objets.
Transgression, autorité, sanction {/download}
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 07 juillet 2015 |
Le CSTS (Conseil supérieur du travail
social) a mis en question le terme d’usager dans son rapport du 18 février
2015. Si l’on peut partager nombre des aspects de ce rapport, il suscite des
réserves sur d’autres et notamment sur son titre, « Refonder le rapport aux personnes ».
Le caractère générique du terme de personne semble un
déni de la spécificité des représentations sociales relatives aux publics
concernés. Nous sommes tous des personnes et celles concernées par l’action
sociale le sont bien évidemment mais pourquoi ce terme générique devrait-il être
plus particulièrement employé à leur sujet ? On semble craindre
d’identifier la spécificité d’un statut conféré
par le fait d’être concerné par l’action sociale. Comme si ce statut les
excluait de l’universalité de la personne. Comme si le statut d’usager de
l’action sociale constituait un stigmate et résumait leur existence.
La justification du titre est apportée en
début de rapport. On y glisse :
- de l’observation d’un
écart entre le souhait d’une participation des usagers et la réalité de sa
mise en œuvre,
- à la justification du
remplacement du terme d’usager par celui de personne.
On se focalise sur les
représentations attachées au terme d’usager au lieu de s’interroger sur le sens
de la prescription actuelle de participation des usagers. Cette
approche de la sémantique est motivée par le questionnement sur la condition faite aux usagers de l’action sociale, mais un changement de mot n’annulera
pas la spécificité qui les écarte du droit commun.
Télécharger : L'usage constitutif du social
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 30 mars 2015 |
L’engagement relationnel est une nécessité clinique
et une posture
sociopolitique. Clinique, non pas au sens restreint de médical ou de
psychologique mais au sens de la considération singulière de la personne
accompagnée, de la personnalisation de l’interaction que le
professionnel développe avec elle. Sociopolitique, non pas au sens politicien,
idéologique du terme, mais au sens où il n’y a pas d’interaction d’aide professionnelle (d’éducation
avec les enfants ou de soutien à l’autonomie avec les adultes) hors champ sociétal,
sans considération de la commande sociale qui l’autorise – la légitime
pour la rendre opératoire - et en même temps induit des représentations pour
partie dissimulatrices des rapports de pouvoir et donc d’inégalité au sein
d’une société donnée.
Il importe donc, pour le professionnel du
secteur social et médico-social, de former une conception du sens clinique et
sociopolitique de son action. C’est ce qui lui permet d’agir avec conviction et
de se situer éthiquement au regard des prescriptions de pratiques que comporte l’exercice de la
mission.
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 28 mars 2015 |
On trouvera ici
diverses réflexions sur le statut et le vécu d’usager dans le secteur
médico-social. Certaines sont consécutives à des témoignages relatifs au vécu
de parent en interaction avec des professionnels. D’autres portent plus
généralement sur le rapport entre le caractère juridique du statut d’usager –
notamment le cadre
contractuel – et la réalité socialement vécue par la personne
concernée. Est questionné le sens de la participation individuelle ou collective comme un
idéal institutionnel, restant une abstraction sans portée pour les usagers concernés, presqu’une
attitude convenue pour être suffisamment considéré, ou prenant au contraire le
sens d’une expérience
existentielle avec d’autres, de l’appartenance à une condition de
vie partagée, d’une rencontre entre aidés et aidants.
On prendra le risque
de propositions,
d’ordre légal mais aussi en termes de pratiques professionnelles, d’élucidation
des représentations et d’invitation à des postures relationnelles.
Commenter l'article |
|
Ecrit le 09 septembre 2014 |
La responsabilité que prennent les professionnels du secteur social
et médico-social dans l’accompagnement d’un jeune dépend du fait qu’ils
y ont été autorisés
par la société au travers des textes de loi, autorisés au titre de leur diplôme et par le
biais de l’autorisation
de fonctionner qu’à reçu l’établissement. C’est le cadre symbolique
dans lequel ils travaillent, ce qui en fait le caractère opératoire, l’efficience
de leur action.
Leurs actes professionnels se
réfèrent à un code
de conduite aujourd’hui qualifié de bientraitant. Il importe de définir
positivement cette prescription alors qu’elle a été initialement attachée à la
dénonciation de maltraitances
institutionnelles.
Télécharger : Bonnes pratiques et bientraitance
Commenter l'article |
|
Ecrit le 09 septembre 2014 |
La
problématique de l’agir surajoutée aux remaniements psychiques induits par
l’adolescence fragilise la situation duelle avec l’adulte. Une élaboration
collective référée au groupe, préalablement à l’ajustement de la relation entre
intervenant et jeune, est préférable, le recours systématique à une posture
duelle pouvant s’avérer contre-productif. Une médiation symbolique référée aux
règles de vie et usages partagés véhiculés par l’ensemble de la communauté
professionnelle, contribue davantage à tempérer les débordements de jeunes en
souffrance, que deux psychés individuelles qui s’éprouvent (celle de l’enfant,
celle de l’adulte), ne peuvent à elles seules supporter.
Télécharger : Structurer des réponses institutionnelles
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 03 septembre 2014 |
Le monde change.
Les dernières décennies se caractérisent par des mutations sociétales qui
affectent les conceptions du travail pour et avec autrui, les postures
militantes, les pratiques professionnelles et les modes d’organisation des
établissements et services du secteur social et médico-social.
Projet de vie,
inclusion scolaire, droits des usagers, co-éducation, consentement éclairé,
relation contractuelle, accompagnement personnalisé, conditions de
bientraitance, organisation du travail… jamais les institutions et leurs
acteurs ne se sont révélés aussi interdépendants de leur environnement
juridique, financier, sociopolitique et institutionnel.
Au cœur de ces
mutations sociétales, concernés par les pratiques en transformation, les
acteurs des organisations du travail pour et avec autrui doivent non seulement
s’adapter aux évolutions de l’environnement mais aussi conduire un changement.
Changement qui,
pour favoriser la justice et l’utilité sociale, le respect et la reconnaissance
de l’autre, doit s’appuyer sur des savoirs, élaborer des savoir-faire, se
concevoir en référence à des principes éthiques : un changement à penser et à
mettre en œuvre.
Aussi les
auteurs ont-ils souhaité développer ici une démarche qui considère ces
mutations sociétales afin de définir des postures et des pratiques
professionnelles animées par des hommes au sein d’une organisation de travail.
Cet ouvrage est
destiné à l’ensemble des professionnels du secteur social et médicosocial :
équipes de direction, travailleurs sociaux, formateurs, conseillers techniques,
étudiants.
Bertrand
DUBREUIL et Roland JANVIER – Editions ESF – 2014
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 26 juin 2014 |
Intervention du 23 juin 2014 dans le cadre
d’une journée d’étude du CREAI Centre
On pouvait penser qu’en définissant
précisément la notion de handicap dans le prolongement de la Classification
internationale, la loi
du 11 février 2005 la distinguait clairement de la difficulté sociale. Or sa
composante sociale ressurgit de l’ensemble des
observations relatives à la scolarisation, au travail protégé et à l’accueil en
établissement spécialisé.
Pour
penser la cette interaction, telle qu’elle se présente aux professionnels en
SESSAD, il faut tenter de préciser les représentations sociétales actuelles
d’une part du handicap, d’autre part des difficultés comportementales et
intrapsychiques liées à une problématique familiale dite socio-éducative.
Il
faut par ailleurs mettre cette question en perspective historique pour se
distancier des représentations stéréotypées que nous entretenons lorsque la
mission conférée nous confronte par ses ambiguïtés à une impuissance devant les
facteurs environnementaux de la problématique du jeune accompagné, facteurs sur
lesquels nous avons peu d’influence, et qui parfois nous acculent à des dilemmes.
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 30 mai 2014 |
La question
des valeurs
et de leur incarnation dans les pratiques est un sujet d'actualité qui apparaît
notamment lors de
l’évaluation interne par exemple. Ces valeurs sont réputées creuses,
on entend souvent que qu’elles ne sont que des coques vides qui ne valent
qu’une fois écrites, mais qu’elles ne servent pas concrètement les pratiques
professionnelles.
Parfois, elles sont perçues comme des instruments de pouvoir et non de soutien,
des pare-feu qu’on agite face aux changements. Ces représentations ne cessent de me
confirmer la nécessité de l’articulation entre le concept, l’idée, la valeur et
leur application concrète.
En premier lieu, il s'agira ici de proposer une définition de la valeur pour en
envisager le sens en tant que direction et signification. C'est donc une
approche dite phénoménologique
de la valeur qui est exposée puisqu’il s’agit de mettre au jour le processus
par lequel la valeur se construit, ce qu’elle révèle de notre perception du
monde et son rôle dans la vie quotidienne. Enfin, la mise en pratique collective des valeurs
sera interrogée dans le champ professionnel : quel est leur sens en
institution ? Qui les porte ? Qui les applique ? C’est donc l’incarnation
des valeurs, leur mise en acte qui sera au cœur de cette publication.
Les valeurs et le projet d'établissement {/download}
Commenter l'article |
|
Ecrit le 09 avril 2014 |
Il est apparu au cours des ces dernières années, que la
perception du handicap était non seulement en évolution, mais générait aussi un
certain nombre d’interrogations et d’incompréhensions. Que ce soit dans des CMPP,
des IME, des ITEP, des ESAT ou des SAJ, accueillant tous un public présentant
des « troubles » ou des « déficiences », la question de
l’agrément et de sa définition des termes semble complexe pour les
professionnels : comment distinguer les trois catégories de handicap (cognitif,
psychique, mental) ? Comment les définir ?
Le questionnement philosophique proposé ici s'appuie sur un
mouvement dynamique qui allie théorie et pratique issu des apports de la
phénoménologie.
Télécharger : Les paradoxes du handicap invisible
Commenter l'article |
|
Ecrit le 05 janvier 2014 |
Reprenant l’essentiel d’une
méthodologie d’élaboration du projet personnalisé d’accompagnement
(Observations – Hypothèses – Objectifs – Moyens) fondée sur l’interaction et
non la causalité, Bertrand Dubreuil montre ici que le récit des professionnels
sur les postures et pratiques qu’ils développent spontanément avec la personne
révèlent des intuitions cliniques –raccourcis de l’intelligence – appropriées à
sa problématique, à l’encontre de prescriptions standards reposant sur des
représentations généralisantes et des objectifs instrumentaux. C’est la notion
même d’objectif visant un résultat prédéterminé qui est mis en cause pour
devenir un levier, une opportunité dont la personne s’empare parce
qu’elle y trouve motif à son mieux-être ou à son devenir.
Commenter l'article |
|
Ecrit le 12 décembre 2013 |
Employer
le terme de « parcours institutionnel » à propos de l’existence des
« personnes en situation de vulnérabilité » devrait poser question, car cela suppose qu’au lieu de vivre
son existence elle va la parcourir en étapes successives pensées par les
personnes qui l’accompagnent.
L’emploi
du qualificatif de « personnes en situation de vulnérabilité » est par
ailleurs significatif d’un polymorphisme des problématiques accompagnées par le
secteur social et médico-social. Au-delà
et après les termes d’infirme, d’handicapé, d’exclu, de marginal, d’incasable,
de personne dépendante, le terme de personne vulnérable recouvre une nébuleuse
de publics avec des problématiques fort diverses, relevant de l’action sociale,
avec un même dénominateur d’écart à la normativité actuelle qui caractérise un individu
comme doté d’autonomie, capable de bénéficier de l’ensemble des biens et
attributs qu’accorde une société démocratique aujourd’hui.
Commenter l'article |
|
Ecrit le 19 juillet 2013 |
Qu’est-ce qu’être éducateur ?
L’interaction éducative professionnalisée, pensée comme un métier en soi, une
fonction sociale spécifique, se justifie au regard d’une difficulté
particulière rencontrée par un enfant ou un adolescent dans son développement. Comment
qualifier cette fonction ? Quels actes et quelle posture relationnelle la
constituent ? Bertrand Dubreuil explore ici la fonction éducative à partir de son exercice en
SESSAD.
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 25 octobre 2012 |
Quel sens
donne-t-on au terme de dés-institutionnalisation employé par la recommandation
européenne.
S’agit-il de faire sortir les enfants avec
un handicap de lieux clos qui les séparent du monde des autres enfants,
autrement dit de dé-ségréguer ?
Ou s’agit-il de déconsidérer les mécanismes
de socialisation collectifs pour ne considérer que le rapport entre des individus
familiaux et l’offre d’un marché censé respecter la liberté individuelle et
la responsabilité parentale ?
On peut trouver étrange le fait qu’un
mot ne soit pas employé dans son sens ordinaire. Car institutionnaliser
signifie valider, légitimer, une initiative, une organisation, en reconnaître
la valeur sociale. Autrement dit, l’emploi du terme à son inverse n’est pas
neutre en ce qu’il met en cause le caractère collectif de la cohésion sociale pour
valoriser le rapport direct entre l’individu et la prestation supposée correspondre
à son besoin. On ne pense plus alors le rapport d’aide ou d’éducation comme
socialement médiatisé.
Télécharger : Dés-institutionnaliser?
Commenter l'article |
|
Ecrit le 04 juillet 2012 |
Cet article évoque un
certain nombre d’évolutions dans la conception de l’accompagnement des
personnes avec un handicap et, par voie de conséquence, un certain nombre d’évolutions
dans les pratiques professionnelles auprès de ces personnes. Il situe ensuite ces éléments au
regard d’un positionnement citoyen énoncé dans l'article "Repolitiser l'action sociale".
Télécharger : Action sociale : entre clinique et politique
Commenter l'article |
|
Ecrit le 28 juin 2012 |
Entre 2009 et
2012 s’est déroulé un séminaire proposé par le
Mouvement pour une parole politique des professionnels du Champ social, le Mouvement
interdisciplinaire pour un humanisme laïc et le CEDIAS (Centre d’études, de documentation,
d’information et d’action sociales) sur «
Demain, quelles politiques sociales
de solidarité ? » Près de 80 personnes ont régulièrement participé à ce travail collectif. Il
s’est agi d’examiner la naissance des politiques publiques, la part du droit,
celle
de l’administration,
de l’exécution
des missions d’intérêt général,
d’aborder les professions
et les usagers, puis de réfléchir aux conditions
d’une reconstruction de l’éducation, de la protection de la jeunesse,
aux opportunités et
contraintes européennes et
internationales, aux ressources à mobiliser pour ré-instituer l’État social et
continuer de faire société.
Télécharger : Jalons pour une société socialement juste
Commenter l'article |
|
|
|
|
Ecrit le 31 décembre 2011 |
Le terme de référent est aujourd’hui généralisé dans le
secteur social et médico-social au point qu’on ne sait plus ce qu’il recouvre.
S’agit-il d’une polysémie ou d’une indéfinition ? Il est pourtant lourd de
sens symbolique. Qu’on en juge par certains de ces synonymes : modèle,
repère, critère. Modèle de fonctionnement ? Repère de bientraitance ou de
bonne pratique ? Critère de qualité ? Il semble par ailleurs
singulièrement opératoire, jusqu'à permettre paradoxalement, une fois énoncé,
de ne pas définir son contenu. Comme s’il évacuait des antagonismes ou des
choix impossibles. Comme s’il soulageait la tension entre termes
contradictoires qu’implique la complexité des situations à traiter, les dilemmes
qu’elles comportent.
Le professionnalisme développé au
sein du secteur social et médico-social reste aujourd’hui trop incertain,
insuffisamment reconnu par ses acteurs eux-mêmes, pour qu’on se dispense d’une analyse
critique du terme. Il s’agit ni d’en être dupe, ni d’ignorer l’écart entre les
prescriptions abstraites qu’il soutient et les pratiques effectives qui
s’ajustent aux situations rencontrées avec les usagers.
Télécharger : Référence, une indéfinition pour quel besoin identitaire?
Commenter l'article |
|
|